Echos du Festival de Cannes 2016
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Echos du Festival de Cannes 2016

 

Photo empruntée au film « Loving » de Jeff Nichols.


« Il est urgent de dire qu’un autre monde est non seulement possible mais qu’il est nécessaire » Parole de Ken LOACH recevant la Palme d’Or lors de la remise des prix du 69e Festival de Cannes.

Cette année 21 films en compétition officielle nous ont offert de très beaux moments de cinéma. Des thèmes apparaissent : le rejet des minorités, la solitude, la culpabilité et aussi la tendresse, la solidarité. Tout ces films nous interpellent : Un autre monde est nécessaire !

Des films à caractère social

Ken Loach, bien sûr, pour son film Moi, Daniel Blake (Royaume-Uni). Mention spéciale du Jury œcuménique et Palme d’or du grand Jury !

Ken Loach, infatigable défenseur des droits des petits, des plus fragiles. Sa colère est intacte, sa capacité d’indignation aussi, alors il filme avec rigueur, avec énergie, avec compassion, avec humour aussi ces laissés pour compte, ces rejetés, ces oubliés de la société qui luttent pour leur survie et leur dignité : Pas d’effets spéciaux, pas de grands mouvements de la caméra, jamais de misérabilisme ou de pathos. Ken Loach trouve le ton juste, presque documentaire. Il envoie un message fort qui remue les consciences, qui a fait pleurer les festivaliers parce que ce film nous touche au coeur. De plus une interprétation remarquable. Du grand Ken Loach, du grand Ken Loach !!!

Loving de Jeff Nichols (Etats-Unis). Une histoire vraie, celle de Mildred et Richard Loving qui s’aiment et se marient à Washington. Mais voilà, elle est noire, il est blanc et en Virginie leur amour puni par la loi. C’est la prison – ou l’interdiction de venir en Virginie durant 25 ans. On suit de 1958 à 1967 leur cheminement, leur combat, leurs hésitations, leur souffrance, leurs espoirs jusqu’à la décision de la Cour suprême qui rétablit leurs droits civiques et leur permet de s’aimer au grand jour. Un film utile, simple, sobre, intense qui dégage une très forte émotion et nous dit que l’amour est plus fort que la haine.

Ce film m’a particulièrement touchée parce que en 1972 j’étais pasteur aux Etats-Unis dans l’état de Virginie (United Church of Christ) et tous les arguments racistes de ce film je les ai entendus de mes paroissiens tant de fois. Les lois changent plus vite que les mentalités !

American Honey de Andrea Arnold (Royaume-Uni). Mention spéciale du Jury œcuménique (photo à droite). L’Amérique aujourd’hui avec une adolescente, Star, qui rejoint une bande de jeunes paumés en rupture de foyer, comme elle, pour un boulot sans avenir. Le film oscille entre road-movie, comédie musicale karaoke et récit d’apprentissage. C’est une Amérique à la dérive, une forme très violente de capitalisme dévoyé, une critique sociale féroce. Star et son compagnon rêvent mais quel espoir, quel avenir ?

Ma Rosa de Brillante Mendoza (Philippines) qui nous plonge dans les quartiers pauvres de Manille avec sa violence, ses drogues, ses corruptions, ses solidarités…Un film fort – on n’en sort pas indemnes !

Des films plus intimes

Juste la fin du monde de Xavier Dolan (Canada). Prix du Jury œcuménique. Xavier Dolan ne laisse pas indifférent. On aime ou on déteste. Il a séduit le grand Jury et le Jury œcuménique par un film décapant, dérangeant et impressionnant porté par une galerie de vedettes françaises.

Un huis clos familial, étouffant, grotesque et désespéré. Tout y est poussé à l’extrême : la situation, les confrontations, le jeu des acteurs, le langage explosif et vociféré. Chacun, incapable de communiquer autrement que par l’invective vulgaire ou l’insulte reste avec sa solitude, son secret, sa rancœur. Quelle famille !!! Pourtant au détour des fréquents gros plans de visages on distingue parfois dans un regard ou un sourire un peu de tendresse et de rêverie.

Xavier Dolan a 27 ans. C’est un surdoué. Il présente son 6e film qui s’adresse surtout, vous l’aurez compris, à des cinéphiles très cinéphiles !

La fille inconnue des Frères Dardenne (Belgique). Une jeune femme médecin pétrie de culpabilité après un décès à sa porte, prend tous les risques pour redonner un nom et une dignité à la défunte. Sous forme d’enquête policière ce film classique est sombre et touchant.

Tous ces films nous interpellent avec violence ou douceur sur notre monde hier, aujourd’hui et demain. Mel Gibson disait en recevant un prix à Cannes « le cinéma apporte du rêve mais a aussi une mission de protestation ». Un autre monde est-il possible ?

Rêves, protestations, monde plus humain, plus solidaire. Quel beau programme pour les prochains festivals ! Et les prochaines élections !

Pasteur Denyse MULLER est Vice-présidente d’INTERFILM.

www.juryoecumenique.org

 

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